Ainsi s'achèvent cinq mois passés en Amérique du Sud que je ne suis pas près d'oublier. Je suis arrivé en Uruguay en ne connaissant absolument rien de ce continent. L’image que j'en avais était celle d'une terre couverte par la forêt amazonienne et c'est à peu près tout. Je suis donc d'autant plus heureux de tout le temps que j'y ai passé, car cela s'est révélé être une expérience très riche en découvertes et en enseignements.

Je dis au revoir à toutes les personnes que j'ai croisé au fil de mon avancée, en espérant les revoir le plus tôt possible. Je repense à tous les pays traversés, tout ce que j'ai vu, tout ce que j'ai appris, tout ce que j'ai mangé (ce qui est une bonne raison pour voyager)...

Tout ce que je sais, c'est qu’il me reste beaucoup à découvrir de ce continent, qu'il y a des milliers de choses que je n'ai pas encore vu. J’ai dû faire des choix au fur et à mesure de mon avancée et malheureusement passer à côté de superbes expériences. Je garde donc en tête tout ce que j'ai loupé, en me promettant de remédier à cela plus tard : les chutes d’Iguazú et la terre de feu en Argentine, la Patagonie côté Chilienne, l'île de Pâques, le parc Noël Kempff en Bolivie, les îles Galapagos, le Brésil...

Je quitte donc ce continent, un peu à regret, mais avec de nombreux motifs pour y retourner. À présent,  il est temps de passer à une nouvelle étape. Ce nouveau chapitre commence maintenant : bienvenue au Panamá!

 Mon passage de la frontière à été plus mouvementé que je ne le pensais, je vais m'en souvenir longtemps!

A Carthagène, je pensais rejoindre la ville de Turbo pour y trouver un bateau. La veille de partir, je croise un Costa Ricain qui me conseille de plutôt aller vers le petit village de Necocli, car Turbo est une ville dangereuse. Je décide donc de l'écouter et commence mon itinéraire. Après huit heures de bus, j'arrive à Monteria où il me faut trouver un autre moyen de transport pour rejoindre le village. On me propose de faire le trajet en 4x4, dans le coffre aménagé pour accueillir d'autres passagers.

Deux heures plus tard me voici à Necocli. Je ne regrette pas mon changement de direction, le village semble accueillant. Le prochain bateau pour Capurgarna est prévu pour le lendemain matin à huit heure. Je trouve une auberge de jeunesse à côté du bureau maritime, où le propriétaire m'offre même le repas du soir. Le lendemain, rendez-vous au bateau juste à côté. Mes affaires sont mises dans des sacs poubelles, pour les protéger de l'eau. Cela laisse présager que le trajet risque d'être humide. Effectivement, j’arrive à destination totalement trempé.

Je me retrouve à quelques kilomètres seulement de la frontière, dans un endroit totalement isolé du reste du pays. Je prévois de rester une nuit sur place, puis d'enchaîner sur un second bateau pour relier Puerto Obaldia au Panamá. Étant parti de Carthagène avec mes derniers pesos Colombiens, je dois faire attention à conserver suffisamment pour payer mon passage. Il me reste normalement juste assez pour traverser, le moindre écart n'est pas permis. Le lendemain direction le port et le bureau d'immigration pour valider ma sortie du territoire. Le bateau part dans peu de temps et il me faut absolument le tampon de sortie. Je me retrouve alors confronté à plusieurs problèmes. Premièrement il n’y a personne au bureau excepté un vigile. Deuxièmement, il m'explique qu'il fallait venir la veille et qu'il n'a pas envie d'appeler le responsable. Enfin, il n'y a pas d'électricité pour le moment, donc pas moyen d'enregistrer ma sortie. En somme je n'étais pas près de partir. Par bonheur le courant revient peu de temps après et à force d'insister auprès du vigile, il consent finalement à appeler l'un des agents de l'immigration. Je reviens juste à temps au bateau qui m'emmène au Panamá.

Me voici à présent à Puerto Obaldia. Première étape, la fouille des bagages. Je dois donc défaire l'ensemble de mon sac de voyage pour prouver que je ne transporte rien d'illégal. Il me faut ensuite valider mon entrée sur le territoire. Une fois toutes les procedures effectuées, je peux me mettre à la recherche de mon moyen de transport suivant. D'après ce que j'avais entendu, il était possible de trouver facilement une autre embarcation pour me rapprocher de la capitale pour un coût modeste. Je conteste vivement ces informations  qui sont un ramassis de bêtises.

En ce qui concerne les nombreuses embarcations sensées aller et venir, je n'ai pas vu un navire faire halte dans le port. Une personne seulement m’a proposé de faire le trajet, pour une centaine de dollars, bien plus que ce que j'espérais. Le coût se justifie selon lui car il prend un risque en navigant sur cette voie qui est truffée de pirates. Nous sommes plusieurs à nous retrouver dans cette situation. Moi, un couple suisse, un argentin, un salvadorien et un groupe de cubains. L'autre solution qui s'offre à nous est l'avion pour un tarif élevé également, mais plus avantageux que le bateau. Nous payons donc nos place en liquide à un type rencontré dans la rue, qui se balade avec un filet à cheveux sur la tête à longueur de temps et qui explique qu'il travaille pour une société d’aviation privée. Le vol est prévu le lendemain matin. Tout ce que nous craignons, c'est qu'il parte avec l'argent en nous laissant sur place. Nous passons donc la nuit, peu rassurés avant de constater que son histoire était véridique, l'avion nous attend, ouf!

Seul problème, il y a un passager de trop, l'un de nous doit rester sur place. C'est l'argentin qui est désigné pour je ne sais quelle raison. L'avion décolle, nous partons pour Panamá ciudad. L'histoire ne s'arrête pas là. Nous voyageons en compagnie d'un groupe de touristes Cubains. Hors il faut savoir qu’il est très difficile pour eux de voyager à l'étranger car la plupart des pays refusent les ressortissants cubains. Quant à ceux qui acceptent, ils restent relativement méfiants envers eux.

De ce fait, nous avons le droit à un contrôle supplémentaire à l'aéroport afin de vérifier nos antécédents judiciaires. Nous patientons donc dans un couloir avec interdiction d'en sortir et obligation d'être accompagné par un policier pour aller aux toilettes. La confiance règne.

Finalement, on nous rend nos passeports, nous pouvons enfin sortir du terminal. Nous nous disons au revoir et nous séparons alors, chacun de son côté. Je ne resterai pas longtemps au Panamá. Je vais rapidement me remettre en route, afin d'arriver le plus tôt possible au Costa Rica.

Ciao!